Samedi 6 Octobre - Hiroshima
En préalable à la visite du musée, je découvre le site http://www.dissident-media.org et ses dossiers sur le nucléaire. Je parcours avec intérêt deux dossiers ´Les véritables raisons d’Hiroshima’ et ´Hiroshima et Nagasaki anéanties pour rien’. Le premier reprend un article de Frédéric Clairmont paru dans le monde diplomatique Août 1990 et résume l’interview de Paul Tibbets dans le Paris Match no 865 du 4 Septembre 1965, le second reprend un article paru dans Le Nouvel Observateur en Août 2005.
En résumé ...
Les vrais raisons de l’utilisation de l’arme nucléaire
Officiellement et dans l’opinion publique, il s’agissait de mettre fin à la guerre, et épargner la vie d’un demi million d’Américains. La question de la sincérité de cette déclaration se pose cependant, car le Japon est très affaibli en 1945, il tente d’établir des contacts pour négocier la paix avec les États Unis à travers l’Union Soviétique. L’entourage du Président Truman est en majorité hostile à l'usage de l'arme nucléaire. Selon certains historiens, la destruction d'Hiroshima et de Nagasaki, qui intervient moins d’un mois après le premier test nucléaire positif, n’était qu’un prétexte à démontrer concrètement à l’Union Soviétique la puissance Américaine et l’effrayer, c’est le début de la guerre froide qui va durer jusqu’en 1991. Les historiens pensent que la capitulation du Japon n’est d’ailleurs pas la conséquence de l’explosion des bombes atomiques, l’empereur à craqué suite à l'invasion par l’Union Soviétique, au lendemain de Hiroshima, de la Mandchourie occupée par les Japonais, alors qu´il pensait l’Union Soviétique leur alliée. Quel sac de noeuds !
Pourquoi la ville d’ Hiroshima
Parmi les villes potentielles pour une attaque atomique, Kyoto et Hiroshima. On a du mal à imaginer les réunions d’hommes importants autour d’une table pour discuter du bien fondé de la destruction totale de tel ou tel lieu. Il n’empêche que sur la liste, Kyoto était placé plus haut que Hiroshima, et a été épargné suite à l’intervention de personnes qui qualifiaient d’acte de barbarie la destruction des trésors de générations passées. En omettant de condamner la destruction de la génération actuelle.
L’intervention du 6 Août 1945
Paul Tibbets, le pilote américain qui largua la bombe atomique sur Hiroshima en août 1945, est mort le 1er novembre 2007 à l'âge de 92 ans. Le 6 août 1945, alors jeune lieutenant-colonel de l'US Air Force, il était aux commandes du bombardier SuperFortress B-29 "Enola Gay" qui a largué, hors tests, la première bombe atomique de l'histoire de l'humanité. Paul Tibbets n'avait que 30 ans lorsqu'il décolla d'une base américaine dans les Iles Mariannes avec ses 11 membres d'équipage. Le bombardier avait été baptisé "Enola Gay", le prénom de la mère de Paul Tibbets.
Les scientifiques avaient prévenu Paul Tibbets : l'avion devra voler à 31.000 pieds (9.448 mètres) et la bombe explosera à quelque 600 mètres d'altitude. Quarante-trois secondes s'écouleront entre le moment où "Little Boy" (le surnom de la bombe) quittera les soutes de l'appareil et la déflagration. Si l'équipage veut survivre, il devra s'être éloigné de quelque 12,8 km au cours de cette poignée de secondes.
Les douze hommes triés sur le volet qui grimpent à bord de l'Enola Gay, à 02H45 le 6 août 1945, sont équipés d'un parachute, d'un pistolet et d'un gilet de protection. Au commandant de bord, le médecin de la base remet une petite boîte contenant douze pilules de cyanure. Puis le chapelain fait une prière, on prend des photos. L'Enola Gay décolle.
Lorsque l'avion arrive au-dessus d'Hiroshima, le temps est dégagé et l'équipage voit distinctement la côte et les bateaux ancrés dans le port, puis le pont qui constitue l'objectif. Il est 08H15 à Hiroshima lorsque la bombe est larguée. Tibbets bascule immédiatement son avion dans un virage sur l'aile droite à 155 degrés. Seul Bob Caron, qui se tient à la place du mitrailleur de queue, est capable d'apercevoir la gigantesque boule de feu et de prendre des photos. L'avion est rattrapé par l'onde de choc, qui le secoue modérément. Puis tous voient le "champignon géant de couleur pourpre".
Paul Tibbets se retourne vers l'équipage: "Les gars, vous venez juste de larguer la première bombe atomique."
Le souffle, le feu et le rayonnement ont tué 140.000 personnes. Beaucoup d'autres ont été marqués et blessés à vie. La plupart des victimes de la bombe étaient des femmes, des enfants, des personnes âgées et des civils pas impliqués dans la guerre. On compte aussi parmi les vicitimes des prisonniers de guerre américains et alliés, ainsi que des milliers de Coréens contraints au travail forcé.
"Si Dante s'était trouvé avec nous dans l'avion, il aurait été terrifié", a raconté des années plus tard Paul Tibbets. "La ville que nous avions vu si clairement dans la lumière du jour était maintenant recouverte d'une horrible salissure. Tout avait disparu sous cette effrayante couverture de fumée et de feu."
De retour au sol, c'est l'enthousiasme général. Tibbets reçoit la Distinguished Service Cross.
Reçu bien plus tard à la Maison Blanche, Truman lui dira: "Ne perdez pas le sommeil parce que vous avez planifié et rempli cette mission. C'était ma décision. Vous n'aviez pas le choix."
Notre visite du musée
Une visite dans le silence, on progresse à pas lent devant les documents historiques, les courriers confidentiels classés top-secret à l’époque, les images de l'horreur. Au delà de ce que peut représenter une explosion atomique en terme de violence de souffle et de radiations, on découvre les souffrances endurées par les brûlures : une température au sol de 3000 degrés, des agonies de quelques jours voire quelques semaines.
Le dernier message est un message de paix. Le Japon se sent bien sûr une légitimité dans l’exigence de réduction des armes nucléaires, Il en assume la responsabilité sans dégager aucune hostilité.