Dimanche 26 Mai - Auckland : km 15,735 THE END
Une semaine de retour à la vie ordinaire, la vie de tous les jours. Séance de fitness au réveil, ballade dans la ville, découverte des derniers jardins, des journées saines et tranquilles. Pour moi, le changement, c’est le retour à mon vieux bonnet Transju. Pour Evelyne, c’est plus profond, ça fait un an qu’elle pédale avec un objectif en tête. Elle l’a annoncé au départ, elle reviendra avec des dreadlocks, et elle les a bien mérités. On trouve LE salon de coiffure qui correspond à son attente. Hair Brading Auckland est tenu par un couple venu du Ghana, c’est leur spécialité. 8 heures passées dans les mains de Sam et Mercy, Evelyne ne les oubliera jamais.
Aujourd’hui 26 Mai... Je suis né un 26 Mai, on a commencé notre voyage un 26 Mai. Deux anniversaires qu’on passe avec Don et Sally, des rencontres exceptionnelles de Warmshowers, ils ont hébergé nos vélos pendant un mois et nous prennent en charge pour nos deux derniers jours. Eux aussi sont des voyageurs, ils ont eu leur lot d’aventures en France où ils ont été choyés quand Sally s’est retrouvée le genou grand ouvert suite à une mauvaise chute. Le voyage développe le sens de l’accueil.
On évoque bien sûr notre escapade, c’est l’heure du bilan... 1 an de plus dans les jambes, 10 de moins dans la tête. En un seul mot, c'était géant.
365 jours sans jour sans un motif d'intérêt à quelque chose, la nature, une rencontre, les gens, leur histoire... 365 jours portés par notre projet comme sur un tapis volant... 365 jours passés à fond ensemble, ça marque une année ! A la fois couple et compagnons de route, potes d’aventure, toujours attentifs l’un à l’autre, comme si la souffrance ou la blessure de l’un devenait la souffrance ou la blessure de l’autre. Autant déterminés l’un que l’autre, seul un problème grave aurait pu nous freiner. Il y a eu des incidents - chutes, incidents mécaniques ou gastriques, coup de chaud, punaises, moustiques, sand flyers, ... - mais aucun de nature à réduire notre enthousiasme. Monter sur la bicyclette chaque matin était un moment joyeux, trouver des mots pour rédiger les émotions de la journée sur le blog le soir une récompense. Le vélo est un passeport qui ouvre les portes, il montre le monde sous un angle unique, avec des gens ouverts et accueillants, des richesses immatérielles. Et le monde nous a plu, avec ses beautés et sa complexité. On a aimé approcher l’histoire des personnes que l’on a croisées, même si parfois, il n’y avait pas de quoi en être fier. Colonialisme, violences, corruptions, inégalités font partie de notre histoire. Le comprendre et le reconnaître est un premier pas vers une prise de conscience et un changement de comportement.
Je pense souvent à l’origine de notre projet, qui a tenu à un rien : une idée en l’air, étincelle d’un soir, mais quel pétard, qui nous a embrasés pendant toute une année. Quelle horreur d’imaginer qu’on soit passé à côté ! Un clin d’oeil à Brassens qui a chanté la poignée de main ´oubliée en chemin’.
C’était donc possible, il suffisait d’y croire et s’accrocher à l'idée, aller au bout du challenge ! Comme tous ces jeunes que l’on a croisés, partis pour un an ou deux avec leur permis ´vacances - travail’. Ou ce jeune de 20 ans qui va s’en aller un jour planter de l’igname dans les jardins secrets des îles de Nouvelle Calédonie. Ou encore ceux qui opèrent un grand virage en abandonnant leur activité professionnelle pour reprendre des études dans un autre domaine, ou ceux qui lancent chaque mois un défi à leur statut d’intermittent du spectacle.
On a un vœu à formuler : que notre voyage déclenche à son tour l’idée d’autres projets à travers le monde, à bicyclette bien sûr, ou à pied, à la voile, en 4*4, à dos d’âne, en roulotte, ou pourquoi pas sur les mains. Place aux jeunes ! Avec notre parrainage pour donner le top départ.
Merci à Nounours, Julian, Sacha pour la transmission du virus, merci à JF et Gigi pour l’initiation à la rando vélo, et merci à la bonne santé et à nos anges gardiens qui nous ont bien protégés tout au long du chemin.