Mercredi 20 Mars - Greymouth : km 14,098
Matinée tranquille à Christchurch, on prend le le temps d’une visite à la galerie d’art et au musée de Canterbury. Je retiens un tableau de l’artiste maori Robyn Kahukiwa représentant avec force un haka féminin.
Figure aussi une exposition originale de Julia Morison, HEAD CASE, où des silhouettes de têtes en céramique sont mises en valeur dans un art conceptuel par des effets suggérés.
Au musée, moment fort autour de la pierre pounamu, une pierre verte de la famille des néphrites, lisse et douce au toucher, très utilisée comme outil de sculpture pour sa solidité et son tranchant. On retrouve les couleurs du lac Tekapo. Et une recommandation à laquelle on n’est pas habitué : « you can touch». Dans la culture maori, la pounamu est un trésor, le nom maori de l’île du Sud Est « Te Wai Pounamu » signifie « Le Pays de l'eau des pierres vertes. »
Le bus nous attend cette fois avec une remorque, une place confortable pour les 2 vélos. C’est le même chauffeur qu’hier, on est copain. Notre mission du jour : la traversée des Alpes d’Est en Ouest. Un trajet qui se résume en quelques chiffres : 100 kms en marche d’approche, 25 kms de montées raides, 25 kms de descentes raides, 100 kms de traversée de larges plateaux désertiques. Des pentes qui atteignent 15% à la montée, 16% à la descente. On ne regrette pas d’avoir choisi l’autobus.
La montée à l’Arthur Pass est différente de l’ascension d’un col classique, elle se fait en plusieurs palliers. Il ne faut pas se fier à l’altitude au col (739 mètres), on l’atteint après avoir grimpé 2000 mètres de dénivelé. La route est ouverte tout l’hiver, elle ne dépasse pas l’altitude 800, la neige est plus haut. Notre chauffeur fait l’aller retour chaque jour, 4 heures le matin, autant l’après midi, c’est un pro.
La route s’élève d’abord dans le brouillard sur une pente à 15% jusqu’à l’altitude 800, puis bascule du côté du soleil, c’est superbe. On est encore à 60 kms de l’Arthur Pass, on traverse un immense plateau désertique, hostile, une nature sauvage à l’infini, il y a là 1000 endroits où planter la tente à condition d’avoir de l’eau et des vivres. Quelques stations de ski, Castle Hill, Floke Hill, mais on n’aperçoit pas les remonte pentes. On a vraiment la sensation de pénétrer dans la montagne, comme si on y creusait notre route. Ces longues vallées-plateaux arides resteront le souvenir le plus marquant de la traversée.
Peu avant l’Arthur Pass, le paysage change, la route suit la rivière puis un lac, la nature retrouve ses couleurs. Quelques troupeaux aussi, pour eux le bonheur est dans le pré. Un jeune couple de Québécois descend du bus, c’est leur point de départ pour traverser l’île à pied vers le nord. On se donne rendez vous à Picton, pour nous 500 kms, pour eux 400 ?
Au col, la vie reprend avec un village et quelques hôtels, bon à savoir pour ceux qui veulent aborder la traversée à vélo. Le versant Ouest est moins désertique, il est certainement plus arrosé par la pluie, ce sont des forêts qui meublent le paysage, on perd l’impression de désert du versant Est. Le Seigneur des Anneaux n’est pas loin, mais pour le vérifier, il faudra revenir à vélo.
On met enfin les pieds sur la côte Ouest !!! A cet endroit, l’Océan Pacifique porte le nom de ´mer de Tasman’, elle nous rapproche de la Tasmanie et de gens qu’on aime bien. Ce soir, c’est le clapotis des vagues qui bercera notre sommeil au bord de la plage, loin des hélicos qui tournaient la nuit dernière.