Jeudi 7 Mars - Mount Somers : km 13,358
Jeudi 7 Mars en Nouvelle Zélande, c’est un peu comme le Jeudi 7 Septembre à Genève : journée du Jeûne Genevois. Avant goût de l’automne, rentrée des classes, premières retrouvailles avec le froid au réveil, les couleurs sont lumineuses, on n’a qu’une envie : pédaler. Mais aujourd’hui, la nature s’en mêle, on a rendez vous avec nos deux ennemis : le vent et les montées impossibles. Le vent souffle fort, il nous amène la pluie qui sévit sur la côte Ouest. Avec des rafales qui me rappellent celles qui ont obligé Gigi à mettre pied à terre au Cap Nord. On découvre nos premiers raidillons néo-zélandais, des côtes pas très longues mais trop difficiles avec vent contraire. Evelyne veut bien accepter le vent, mais pour les montées, elle se cabre et menace de retourner dans les Prairies canadiennes. Pour s’en sortir, on essaie de rouler entre les rafales. Et quand la pente dépasse 13%, pied à terre.
Heureusement, le paysage est là. Sans être exceptionnel, il est tout simplement beau. En toile de fond, la montagne borde toujours notre route. On l’effleure sans la toucher. Et encore et encore de grands troupeaux, vaches et moutons, beaucoup de moutons.
On se souviendra de la traversée de la rivière Rakaia, peu après le village fantôme de Windwhistle (traduction hurlevent ?) qui porte bien son nom. On roule sur le haut du plateau, les rafales sont à leur maximum, et quand on aperçoit vers le bas la rivière qui sort de ses gorges, on comprend vite ce qui nous attend. Une belle descente, et une belle montée. Avec la violence du vent, on pose tous deux pied à terre.
On envisage sérieusement de se poser là, mettre fin à l’étape après seulement 30 kms, mais où ? Impossible de monter la tente, et on est dans un no man’s land qui rappelle certains moments de la traversée du Canada. Un ange gardien passe, la route fait un coude de 90 degrés, et le vent nous devient partiellement favorable. C’est gagné, les 30 derniers kms sont cool. Café de 14 heures à Staveley. On est dans une région où s’était développée, jusque dans les années 60, petit village une activité d’extraction de charbon, calcaire, argile, sable des montagnes voisines. Les fours à chaux de Staveley ont été détruits par le tremblement de terre de la région de Canterbury en 2010, peu avant celui qui fit du mal à Christchurch. Staveley a su préserver son café, on est ravi. Et doublement ravi de trouver 8 kms plus loin le village de Mount Somers, avec son Convenience Store et son Holiday Park Camping. On ne plante pas la tente, on s’attend à 10mms de pluie dans la nuit. Le camping dispose de cabines - en Norvège, on aurait dit hytter - c’est la vie de château !