Lundi 7 Janvier - Kâmpóng Thmâ : km 11,507
Notre traversée du Cambodge suit la courbe d’une progression arithmétique : 115 kms le 1er jour, 125 le second, puis 135 aujourd’hui, et après l'étape repos de demain, il restera un dernier effort de 145 kms pour rejoindre Siem Reap, point de convergence de tous les touristes au Cambodge. C’est un défi de progresser dans ce pays qui offre peu de solutions de logement. Il faut accepter de passer à des étapes plus longues, mais les acquis de l’expérience de la traversée des Prairies au Canada sont bien ancrés : on reste motivé, on reste concentré, on a toujours la même envie d’aller de l’avant, et au détour d’un chemin, on sait qu’il y a toujours une récompense.
Ces longues traversées sont ignorées des touristes ordinaires qui ne voient d’un pays que les sites touristiques, passant de l’un à l’autre par grands sauts de puce. Ils peuvent même voyager par bus de nuit, pour gagner du temps. Pour nous, ça ne suffit plus. On a besoin de perdre du temps à s'imprégner du paysage et du mode de vie des habitants, on ne peut plus s’en passer. Et les longues étapes ne nous effraient plus.
A l’époque de la traversée du Canada, du Japon et de la Corée, on cherchait un bar de préférence sympa (ou un Seven Up) pour nos cafés de 11 heures ou 14 heures. Depuis le Vietnam, c’est différent, et en particulier ici au Cambodge. Pas de bar, pas de Seven Up... on s’arrête directement chez l’habitant-marchand au bord de la route pour y consommer un coca-café frais ou une noix de coco. On s’installe en plein centre de son espace de vie, sur une chaise bancale, au milieu de la cuisine en plein air, à côté du hamac, en bordure de la route. On s’imprègne de son mode de vie, et ça interpelle, quand on voit tout ce que la famille rassemble au quotidien - sur 3 ou 4 générations - avec partage d’un espace réduit, sans gêne mutuelle.
On a touché le fond de la précarité lors des deux premières étapes Cambodgiennes, avec ces abris bricolés en bois et tôles ondulées servant à la fois de logement et d’espace de vente. Aujourd’hui, on découvre une campagne plus souriante, des marchands plus espacés, avec leur habitation montée sur pilotis, le luxe !
Les bêtes ne sont pas bien grasses, mais avec la chaleur qu’il fait, ce n’est pas grave, on n’a pas très faim.
Repas du soir en mode surprise surprise : on a vu toute la matinée des épis de maïs griller sur le feu, mais au moment du café de 11 heures, c’était fini. Quand Evelyne voit ce soir une forme cylindrique en papier alu griller sur le feu, elle voit son maïs et on s’installe - là encore chez l’habitant - près de toute la famille attablée et des enfants tout fous de voir des étrangers. Elle découpe son papier alu, et il en sort un poisson. C’est quand même mieux que s’il en était sorti un chat, puisqu’Evelyne ne mange pas de viande.