Jeudi 27 Septembre - Naoshima : km 7,100
Bye bye Shikoku, bonjour Naoshima. Aujourd'hui, un peu de vélo-trottoirs jusqu'à Takamatsu, la capitale de la préfecture de Kagawa, puis saut de puce en ferry vers la petite île de Naoshima. Rien (en dehors de son nom qui ressemble au prénom de quelqu'un que l'on connaît bien) ne prédisposait cette île à devenir célèbre, pas de volcan en éruption récente, ni temple sacré ni monastère, jusqu'au jour où un riche amateur d'art est venu recouvrir l'île de ses collections. Certaines en liberté totale à l'état sauvage, certaines enfermées en musée. Un hôtel grand luxe est même intégré dans un des musées, on peut nager ou s'endormir entre deux sculptures de Niki de Saint Phalle, mais on saute la case, on préfère un petit guest-house où on fait chambre à part sur lits de camp, les chambres sont des singles, l'un de nous deux va pouvoir regarder la télé toute la nuit.
Pour les musées, c'est un peu compliqué, le succès est tel que même hors saison, il faut limiter les entrées. On aurait dû faire des réservations à l'avance sur internet, mais comme on ne le fait pas pour les hôtels, comment le faire pour les musées ! C'est bien organisé, avec navettes shuttles qui circulent en permanence pour nous faire passer sans effet ou et d'un musée à l'autre, on arrive à accéder aux trois sites principaux dans l'après midi. Tous les sites sont montés sur une architecture semblable, composée de longs couloirs ensoleillés en béton poli débouchant sur de belles pièces lumineuses nichées sous terre, c'est grand et sobre, la lumière est partout.
Dès la première visite, on plonge tout droit dans l'éblouissement. On savait Monet présent dans l'exposition, mais ce ne sont pas les Nymphéas qui attirent l'attention. La visite se fait par groupe de 4 personnes, pieds nus sur de petits carrés de céramique, dans un grand cube tout blanc qui présente sur chaque face un tableau. On a l'impression que Monet est là pour donner un sens à la pièce. L'impression visuelle globale est forte, c'est ce qui l'emporte. Ça donne le ton de ce qui nous attend dans chaque nouvelle salle : de l'espace, quelquels objets, des jeux de lumière, un mélange détonnant qui nous imprègnent et nous mettent à chaque fois en condition d'émerveillement.
Avec 2 souvenirs majeurs : le passage à travers un rayon lumineux en haut d'un escalier que l'on monte pas à pas jusqu'à oser mettre le pied de l'autre côté, avec la sensation d'être des fantômes traversant une muraille. Et l'entrée, en silence et toujours pieds nus, au pied d'une immense salle, au milieu de la salle une boule sombre qui impose ses courbes à cet ensemble trop carré, avec un détail charmant : les marches de l'escalier lui dessinent sur le visage une galerie de sourires, notre boule a la banane !
C'est tout simplement magique, avec des œuvres signées Shinto Ohtake, Richard Long, Jannis Kounellis, Kan Yasuda, Lee Ufan, JamesTurrell, Walter De Maria, Claude Monet, dans des architectures conçues par Tadao Ando. Sans oublier Yayoi Kusama, l'auteur de 'Pumpkin'.