Mercredi 26 Septembre - Higashikagawa : km 7,057
Retour sur la fin de journée d’hier, avec la difficile négociation pour charger les vélos à bord du bateau. En l'absence de caisse, j'ai utilisé avec courage l’automate pour prendre les billets, mais rien n'était prévu pour les vélos. Moi qui étais très fier d'y être parvenu, je me fais recaler au moment de monter sur le bateau, le contrôleur insiste pour que je retourne chercher des billets vélos à la caisse où il n' y a personne. C’est à 1 km, le bateau part dans 5 minutes. Dialogue de sourds jusqu'au moment où un chef qui parle anglais s'en mêle, et tout d'un coup, le contrôleur peut nous vendre les billets. Moralité : il faut toujours insister. A bord, un grand espace sur tatami, les gens s'allongent par terre et dorment, à même le sol, on admire cette facilité. Quand on sort du bateau, il fait nuit, on est content de trouver un hôtel tout proche de l’embarcadère, c’est un hôtel à chambres japonaises, c'est à dire toutes petites, un matelas à même le sol, comme dans le bateau, douches communes. Mon interlocuteur connaît une seule phrase en anglais ´thank you very much´, et ça tombe bien je n’en connais qu'une en Japonais, ’Arigatogo’. Il m’explique le fonctionnement des douches, car la salle de bains comprend deux douches côte à côte, et chose importante, c’est pas comme chez Fofo, il y a un verrou. Un homme doit laisser le verrou ouvert pour le cas où un deuxième homme veuille prendre une douche. Si c’est une femme, elle doit vérifier qu’il n’y a pas déjà un homme, puis elle doit fermer le verrou pour empêcher un homme de rentrer. En tout cas c’est ce que je crois comprendre à coups de ´thank you very much’ et ´Arigatogo’. Je ne demande pas si je peux prendre ma douche avec Evelyne. Ce dépaysement et cette simplicité nous plaisent bien, d’ailleurs, ça sert à quoi une grande chambre dans un hôtel alors qu'on n'y fait que dormir... à moins d'être autorisé à y garder les vélos.
L'étape du jour commence au 20ème kilomètre, quand la route qui montait vers le nord atteint la mer, juste après passage d'un petit col. C'est magique, on se régale, il fait bon, on a tout notre temps, on sait que la pluie viendra mais ce n'est pas son heure. On fait le détour vers un petit port de pêche, pas un touriste, que des pêcheurs, des vrais, en plein travail, le poisson voltige de bac en bac, il est frais, il terminera sa course dans une belle assiette. Et puis, sorti de nulle part, un restaurant fruits de mer. Ce ne sont pas les enseignes, toutes en Japonais, qui nous le disent, mais on le devine, à cet endroit ce ne peut être que ça. Arrêt immédiat, on investigue, on comprend qu'il faut écrire notre nom sur une liste d'attente, comme chez le médecin... et le temps de prendre un café, on nous appelle, 'à table !'. On ne sait pas si c'est raisonnable, mais on le fait. Quelques gambas frites plus tard, on se dit qu'on devrait le faire tous les jours. Bien sûr tout a un prix, ce repas va nous coûter 10 kms sous la pluie, on le savait qu'il allait pleuvoir à 14 heures.
Aujourd’hui, voici 4 mois que nous sommes en route, découvrant chaque jour un nouveau monde. Evelyne est décidée à se lancer dans une nouvelle peinture abstraite très personnelle, en faisant voyager son poète Hoelderlin - celui qui l'a incitée à faire son voyage-découverte du vélo de Lyon à Bordeaux en 2001 - dans ce Japon qui nous interpelle. Une source d'inspiration qui va lui permettre d'écrire puis peindre la nature de ce pays attachant. À vos pinceaux !
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