Dimanche 24 juin - Ignace : km 2,310

C'est dimanche, journée de rencontres.

D'abord la rencontre avec le vent de l'est, qui nous pousse sur 60 kms. Sur l'échelle de mesure du vent (calm, light, gentle, moderate, strong), il est qualifié de 'gentle', ce qui signifie bien 'gentil' quand il est dans le dos.

Rencontre avec le trappeur du petit-déjeuner, qui nous raconte l'ours, l'original, le loup et le couguar. On retient qu'il faudra se méfier du couguar, surtout Evelyne qui n'accroche pas ses chaussures à ses pédales, un sacré handicap si elle veut faire la course. Le monsieur poursuit avec ses aventures en compagnie de l'indien qui lui a enseigné la chasse à l'orignal, l'indien soufflant dans la corne pour appeler l'animal, et ça marche. La potence élevée pour le suspendre la bête avant de la saigner fait au moins 6 mètres de haut, vertige garanti.

C'est bien plus noble que la chasse à l'ours noir organisée une fois par an au mois d'août par des sociétés style 'Pieds Nickelés', qui attirent les touristes pour une chasse garantie, en utilisant le chocolat comme un appât. Les arbres sont tapissés de sucrerie, et l'ours se fait avoir. Ridicule. 

Heureusement, il existe des histoires plus mignonnes et plus fines, celle du loup l'air emprunté au bord du highway, faisant les 100 pas, tournant et revenant dans tous les sens, insensible à la présence humaine qui l'observait et le photographiait, la queue basse - selon l'Indien qui a vu les photos, il apprenait à ses louveteaux à traverser la route.

On est plein de ces histoires dans la tête quand on prend la route pour une trop courte étape. A midi, on hésite à y ajouter 100 kms sous prétexte que le vent est favorable... mais on est raisonnable, on s'installe à Ignace, commune de 1000 habitants, le long de la grande route qui a façonné le Canada en permettant d'en joindre les 2 extrémités.

En chemin, échange avec Art, 61 ans, il vient de prendre sa retraite et sa femme lui a dit 'va' -  je lui explique que la mienne m'a dit 'viens'. Art croyait être le plus âgé sur la route, il vient de perdre son pari en tombant sur nous deux, et ça lui plaît. Un petit air Irlandais, le genre de bonhomme à côté duquel on se met volontiers le jour de la rentrée scolaire. On parle de Don le Winnipegois rencontré hier, Don avait comme devise 'Never stop before I see my wife', et je rigole de l'avoir arrêté hier, c'est vrai qu'il avait l'air coincé quand j'ai interrompu sa course en traversant la route pour lui tendre la main.

Art rédige son blog sur le site crazyguyonabike.com, on le trouve sur Google avec les 3 mots 'arts seatosea adventure'.

Et pour finir, un couple d'Australiens en route pour Halifax, Rob and Helen, ils vivent leur première journée vent contraire. Ils me rassurent sur la traversée des Prairies, le moment approche. Christian dirait certainement "c'est pas si pire!".

Sans oublier le kurde canadien chaleureux qui gare sa voiture pour venir nous saluer, 'amazing' insiste t-il sans cesse, avec son look de footballeur. Enfin quelqu'un qui a un accent que l' on comprend bien. 

Et puis aussi... Sur la route, on est doublés- klaxonnés-encouragés par 4 voitures-fourgon de Vélo-Québec, qui transportent une soixantaine de vélos à Vancouver pour la grande traversée qu'ils organisent du 2 juillet au 22 août. 43 étapes et 7 jours de repos pour relier Vancouver à Montréal, dans une organisation très pantouflarde où les participants n'ont aucune préoccupation autre que... pédaler, toujours pédaler.

On espère les croiser avant Calgary, peut être à Medicine Hat ?

Pub de Vélo-Quebec :

C’est grand, le Canada, très grand! Quiconque l’a traversé a toujours bien des choses à raconter. Pour tout cycliste, ce parcours garde quelque chose de mythique. C’est un sacré défi, une performance hors de l’ordinaire, un dépassement de soi, une expérience unique dans une vie. Imaginez vous entendre dire : « Je l’ai fait! » Imaginez cette généreuse diversité : tout l’escarpé des Rocheuses, le plat majestueux des Prairies, les innombrables cours d’eau de l’Ontario, tant de diversité, tant d’images à jamais inscrites dans votre mémoire de cycliste. De Vancouver à Montréal. Un périple de 5300 km, d’une durée de sept semaines! Certainement un événement majeur en 2018.

Comments

[Tribu Nyinyi]

Une semaine sans lire le blog, et on est vite perdu ! Bravo, vous pédalez fort ! Nous, on a bien pensé à vous, on n'a pas rencontré l'ours ce we, mais le froid alsacien ! Enfin, pour nous Ardéchois, ce fut un choc quand il a fallu mettre 4 couvertures pour la nuit ( sous la tente ! ) ! et même pour Jack, l'autre ! 10 degrès de moins ! On a enfourché nos vélos, et Greg nous a fait découvrir les recoins de Stras, comme il dit. ... Bises

[Beauvert]

Bonjour Jacques et Evelyne.

Je prends seulement la route avec vous depuis aujourdhui car question de braquet ; je mouline dans le vide ! J'ai également croisé des ours et même des hippopotames mais c'était après la fondue et deux bouteilles de Crépy. Encore un effort et vous allez rattraper Julian ! Bonnes routes et bons vents ! jp et Danielle

[Loopingloo]

J’entends le loup le renard et

la belette, j’entends le loup et loup-furet chanter

[suzy]

super intéressant votre voyage j'ai hâte de découvrir vos journées toutes plus mystérieuses les unes des autres ...... et les rencontres !

"les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes, pour les uns qui voyagent, les étoiles sont des guides, pour d'autres, elles ne sont rien que des petites lumières, pour d'autres, qui sont savants, elles sont des problèmes......."

bonne nuit à demain