Samedi 22 Septembre - Nara
Nara, l'ancienne capitale. Tous les centres d'intérêts sont regroupés dans un immense parc, habité par un millier de daims en liberté à la recherche de nourriture offerte par les touristes. Compte tenu des précautions que l'on a prises avec les ours au Canada, on ne leur offre que notre sourire.
Notre visite se limite à 3 sites, dans l'esprit 'peu mais bien'. On commence par le choc visuel du Grand Bouddha, le Daibutsu-den, un géant de 16 mètres de haut, la légende dit que 2 millions de personnes y ont travaillé, mettant le pays en faillite. Mais il faut reconnaître la réussite, impossible de rester insensible. Quand on regarde un bouddha, il faut s'intéresser à sa position (assis dans la position du lotus ou debout), ses bras (écartés ou collés au corps), ses mains (jointes, ouvertes, verticales, horizontales, doigts liés ou séparés), ses yeux, sa coiffure. Tout a bien sûr une signification, on apprend. Celui-ci a la main droite levée en signe de paix sur le monde, la main gauche à plat paume ouverte vers le haut prête à recevoir, en signe de bienvenue, les yeux sans expression, sans jugement, en méditation.
Le musée national que l'on visite en fin de journée comporte une large collections de bouddhas dans toutes les positions, y compris les bouddhas à mille bras, et dans ce bouddhisme Japonais, tous ont en commun la bienveillance de l’attitude.
Dernière visite, le Kasuga Taisha Shrine, sanctuaire shinto, avec ses centaines de lanternes, un des plus anciens sanctuaires, on remonte à 768, aujourd’hui les 4 divinités célébrées ici reçoivent leur ration quotidienne de nourriture sacrée. Pour le Japon, pour la paix dans le monde, pour le bonheur et la prospérité des affaires.
Bien sûr toutes ces richesses culturelles interpellent, et incitent à en savoir plus. Je me lance dans une petite enquête sur le bouddhisme.... Première leçon, avec l'histoire du bouddha historique Siddhārtha Gautama, ça se passe 5 siècles avant JC.
Māyādevī, épouse du souverain Suddhodana, se rend chez sa mère à la fin de sa grossesse. Alors qu’elle passe à proximité d’un bois sacré, elle est prise de douleurs et accouche d'un garçon sous un saule. Les légendes prétendent que la mère du Bouddha l’aurait conçu en songe, pénétrée au sein par un éléphant blanc à six défenses, que la naissance aurait été indolore et que le saule aurait abaissé l’une de ses branches pour qu'elle l'attrape, tandis que les divinités brahmaniques faisaient pleuvoir des pétales de fleurs. Sitôt né, l'enfant se serait mis debout et aurait fait sept pas vers le nord et poussé "le rugissement du lion", métaphore de la doctrine bouddhique. La légende, encore, raconte que son père fait venir les huit voyants les plus célèbres du royaume. Les sept premiers prédisent au jeune homme un avenir brillant de successeur de son père, le dernier qu'il quittera le pays. Le roi aurait fait enfermer le mauvais augure. Sa mère meurt vite (sept jours après selon la tradition), et Siddhārtha est élevé par Prajapati Gautama, sa tante maternelle coépouse de Shuddhodana.
Le jeune prince étudie les lettres, les sciences, les langues, s’initie à la philosophie hindoue auprès d’un brahmane. Un officier lui apprend à monter à cheval, à tirer à l'arc, à combattre avec la lance, le sabre et l'épée. Les soirées sont consacrées à la musique et parfois à la danse. Plus tard, il tombe amoureux et épouse à l'âge de seize ou vingt ans Yashodhara, sa cousine germaine, fille d'un seigneur du voisinage. Les nouveaux époux emménagent dans trois petits palais : un de bois de cèdre pour l'hiver, un de marbre pour l'été et un de briques pour la saison des pluies. Après dix ans de mariage, ils donnent naissance à un garçon nommé Rahula.
Siddhārtha, qui s'ennuie dans le palais, entreprend un jour une promenade qui le marquera profondément. Il rencontre successivement un vieillard qui marche avec peine, un pestiféré couvert de bubons purulents, une famille en larmes qui transporte le cadavre d'un des siens vers le bûcher, et enfin un bhikshu, moine mendiant qui, un bol à la main, quête sa nourriture sans cesser de garder les yeux baissés.
A 29 ans, le prince comprend alors que si sa condition le met à l'abri du besoin, rien ne le protègera jamais de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Il s'éveille une nuit en sursaut et demande à son serviteur, de harnacher son cheval. Les deux hommes galopent jusqu'à un bois proche du palais. Siddhārtha abandonne à son serviteur manteau, bijoux et cheval et endosse la tenue d'un pauvre chasseur. Il lui demande de saluer à sa place son père, sa mère adoptive et sa femme et de leur dire qu'il les quitte pour chercher la voie du salut.
Gautama entreprend alors une vie d'ascèse et se consacre à des pratiques méditatives austères. Six ans plus tard, il prend conscience que ces pratiques ne l'ont pas mené à une plus grande compréhension des choses et accepte un bol de riz au lait des mains d'une jeune fille du village, Sujata, mettant ainsi fin à ses mortifications. Il préconise la voie moyenne qui consiste à nier les excès, refusant autant l'austérité excessive que le laxisme. Jugeant cette décision comme une trahison, les cinq disciples qui le suivaient l'abandonnent. Il se concentre dès lors sur la méditation.
Siddhārtha Gautama prend alors place sous un figuier, faisant vœu de ne pas bouger avant d'avoir atteint la Vérité. Plusieurs légendes racontent comment Māra, démon de la mort, effrayé du pouvoir que le Bouddha allait obtenir contre lui en délivrant les hommes de la peur de mourir, tente de le sortir de sa méditation en lançant contre lui des hordes de démons effrayants et ses trois filles séductrices. Mais c'est peine perdue et à l'âge de 35 ans, Bouddha accède à l'éveil. Il affirme être parvenu à la compréhension totale de la nature, des causes de la souffrance humaine et des étapes nécessaires à son élimination. Il insistera toujours sur le fait qu'il n'est ni un dieu, ni le messager d'un dieu, et que l'illumination ne résulte pas d’une intervention surnaturelle, mais d'une attention particulière portée à la nature de l'esprit humain ; elle est donc possible pour tous les êtres humains.
Durant les quarante-cinq dernières années de sa vie, Bouddha voyage dans la région du Gange et de ses affluents. Il enseigne sa pratique méditative et fonde la communauté des moines et nonnes bouddhistes, afin que ses enseignements se perpétuent après sa disparition.
Sentant sa mort venir, il demande à son disciple Ananda de lui préparer un lit entre deux saules et décède à l'âge de quatre-vingts ans. Il rassure le forgeron Chunda qui lui a offert son dernier repas et s’inquiète, au vu des symptômes, d'avoir peut-être intoxiqué l'ascète. Le plat servi se composerait de porc et champignons. En tout état de cause, si le végétarisme est un idéal bouddhiste, les moines et nonnes, qui mendient leur nourriture, sont encouragés à accepter toutes les offres qui leur sont faites, mêmes carnées.
Les derniers mots du Bouddha sont : « L'impermanence est la loi universelle. Travaillez avec diligence à votre propre salut. »