Dimanche 28 Avril - Noumea

A Doumbéa, seconde commune de la Nouvelle Calédonie, c’est le dimanche de l’omelette géante, une tradition qui remonte à 35 ans. 800 douzaines d’œufs à casser dans seule poêle, une préparation animée par la Confrérie de l’Omelette, dans une organisation parfaitement rodée où tout est minuté pour que l’omelette soit servie à l’heure à 12h30 précises. On prend le bus pour se rendre à cette fête qui a son équivalent dans quelques communes du monde francophone, Granby au Québec, Malmedy en Belgique, Bessières près de Toulouse, Saint Aygulf, Fréjus, ... Une tradition qui viendrait de l'époque de Napoléon qui, en déplacement avec son armée dans le sud de la France, aurait demandé à ce qu'on lui prépare une omelette. Il l'aurait tellement aimée qu'il demanda à ce qu'on apporte tous les oeufs possibles pour qu'une omelette géante puisse être préparée le lendemain pour lui et son armée. 

Surprise en passant le contrôle à l’entrée, l’alcool est interdit. On est vraiment en France ? Une ambiance de fête foraine avec les autos tamponneuses - on passe -, manèges pour enfants, pêche miraculeuse, gaufres.... un podium pour les concerts danse et musique, et surtout, un vaste espace en forme de cercle, théâtre des opérations pour une poêle géante, un tracteur, un foyer incandescent, et les tables où attendent 9,600 œufs et 20 bassines.

Un groupe de danses Tahitiennes tient le spectacle, jusqu’au moment où la Confrérie des faiseurs d’omelette entre en jeu. Adieu le groupe musical local qui entre en scène pour jouer sa musique atmosphérique devant une audience absolument vide, tout le monde se presse vers le spectacle de préparation de l’omelette.

La poêle est découverte et essuyée, puis une armée de cuisiniers se répartit la tâche - casser des œufs, découper le pain, entretenir le foyer -, et quand tout est prêt, c’est au tour du tracteur de soulever la poêle avec ses pattes montées sur vérins hydrauliques, pour la déposer pile au dessus du foyer, à l’endroit exact choisi par le grand maître de la confrérie. A son commandement, l’armée commence par huiler la poêle, puis entreprend, dans un mouvement régulier, de verser d’abord la moitié des bassines d’œufs, et bien la répartir avant de verser la seconde moitié. Le rôle du commandant est essentiel, tout cela doit se faire rapidement mais sans précipitation, de façon cordonnée. On sent des pros de l’omelette.

De temps en temps, le haut parleur passe l’annonce d’un enfant perdu à la recherche de ses parents, ou de parents inquiets à la recherche de leur enfant, ou d’un véhicule bloquant l’entrée du parking. De son côté, le groupe musical situé à 50 mètres de la scène poursuit son concert en solo. Atmosphère...

Le tracteur reprend alors du service pour sortir la poêle du foyer et la déposer sur l’herbe où les cuisiniers poursuivent leur brassage, ramenant l’omelette sur les bords pour en faciliter la distribution. En moins de 15 minutes, chacune des 5000 personnes a reçu sa petite barquette d’omelette, et le groupe musical est arrivé au bout de son concert qui aura eu pour son dernier morceau 2 spectateurs : Evelyne et moi.

Pour nous, la fête s’arrête là, car on doit prendre le dernier bus pour retourner à Nouméa le ventre plein.

La leçon de la journée : entre un concert gratuit et une barquette d’omelette gratuite, c’est l’omelette qui gagne. On ne peux pas faire de bon concert en cassant des œufs.