Vendredi 12 Avril - Tauranga : km 15,262
Les premiers rayons du soleil sont pour nos guidons, la nuit a chassé la tempête.
Les deux grandes questions du jour : Brexit or not Brexit, Hobbit or not Hobbit. Pour le Brexit, le choix de notre itinéraire ne changera pas grand chose. Pour les Hobbits, une opportunité unique se présente à nous : le village de Matamata, situé à 80 kms, abrite, creusé dans ses collines, le village de Hobbiton, avec ses minuscules maisons conçues pour les petits personnages du Seigneur des Anneaux. A la suite du tournage du film, quelqu'un a eu l'idée de conserver le décor, Matamata est devenu un site touristique à succès. Pour nous, le détour a un prix : 500 mètres de dénivelé en peu de kms le lendemain pour retomber sur nos pieds. Décision vite prise : on fait l'impasse, et on restera sur le souvenir d'une soirée passée fin décembre 2001 dans un cinéma de Toulouse où on avait du mal à se concentrer sur les aventures des Hobbits, nos pensées s’envolaient vers le bébé au bonnet orange qu’on venait de rencontrer à la maternité. De son côté, Evelyne immortalise la scène dans un dessin taillé comme dans la pierre.
On roule vers le nord, le long de la rive Est du lac de Rotorua, la tête remplie d’images de lave dégoulinant jusqu’à ce que le socle s’effondre, mais où était on il y a 250,000 ans ?
Première pause aux chutes de Okere. Rien à voir avec Niagara, mais pour ceux qui ont l’âge de la folie, un circuit proposé en rafting pour descendre la rivière Kaituna est sportif et plein de sensations, il traverse des successions chutes d’une dizaine de mètres de hauteur, on entend de grands cris, surtout des filles. On préfère une petite marche à pied le long de la rivière, dans une forêt presque tropicale, et tant pis si ça retarde notre journée.
Le café de 11 heures, il se prend à 13 heures, dans le seul bar sympa sur notre longue étape. On fait halte au Trading Post de Paengaroa. Une auberge qui ressemble fort à une maison de Hobbit, le monde est vraiment petit ! C’était le relai pour chevaux et diligences, qui date de 1870, une époque très ancienne pour la Nouvelle Zélande. Le propriétaire a ouvert il y a 15 jours, il en a fait un endroit chaleureux, un jardin mignon minuscule avec quelques tables - le genre d’endroit oú on ne rate rien de la conversation des voisins - des petites salles intimes à l’intérieur, avec décoration tableaux, c’est cosy, le genre d’endroit où on adore trouver refuge en fin de journée et passer soirée et nuit. Dommage, on a encore de la route... mais on recommande l’endroit. Le nouveau patron, un ancien du marketing de grosse société, s’est lancé un défi. Et il nous offre le second café, trop content qu’on ait placé son établissement sur la route du tour du monde.
Il est 14h30 quand on attaque les 35 derniers kms, c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire. Les kms après 14h30 comptent double, et les montées comptent triple. En passant près de Te Puke, on découvre les exploitations géantes de kiwis. Les arbres forment de véritables cathédrales, ils sont protégés contre le vent et la pluie par des haies de tuyas de plus de 10 mètres de haut.
Arrivée avec le coucher du soleil, on retrouve l'océan, et une température de plus en plus clémente. Tauranga, un port bien protégé calfeutré à l’intérieur des terres. Une ville en pleine croissance avec ses 100,000 habitants, on la parcourt de nuit à vélo à la recherche d’un lieu sympa. Une grande artère traverse la ville dans sa longueur, entrecoupée par des avenues numérotées de 1 à 23, on ńy trouve pas le charme de Wellington.