Dimanche 3 Février - Luang Prabang
On a passé la nuit dans la guest house Bounmee, tout près de l'embarcadère, une grande maison en bois avec terrasse sur pilotis au dessus du Mékong, face au parc des éléphants. C'est simple et chaleureux, on y prend le repas du soir, petit déjeuner et sandwichs pour la route. Il semble que toutes les habitations de Pak Beng offrent le même service, on était d'ailleurs attendu hier au port par de nombreux villageois en concurrence féroce. La plupart ont trouvé le bon filon à travers les agences qui les recommandent, en prenant au passage une belle commission.
Wifi m'a permis de regarder en différé France - Galles, le prochain Angleterre - France va être terrible pour les Anglais qui vont devoir affronter le tempérament revenchard des Français. Affaire à suivre...
Pas facile de charger le bateau ce matin. On est plus nombreux qu'hier, la nuit a fait des petits. Sans oublier quelques autochtones qui embarquent, sac de riz et Smartphone à la main, le progrès a transpercé les montagnes.
Le comptage des passagers est une épreuve répétée plusieurs fois, on aimerait connaître la réponse, ainsi que le nombre de gilets de sauvetage. Et surtout, leur emplacement de stockage. Applaudissements au moment du départ, quand chacun a fini par trouver un siège ou un coin de natte sur le pont. À bord, c'est comme dans les temples, on pose les chaussures dans un sac plastique. Et pour les toilettes, pieds nus, il vaut mieux s'abstenir.
Départ dans la brume, on sort les manches longues, une première depuis 1 mois. Avec une pensée pour nos proches sous la neige en France, et un clin d'oeil à Dany qui remonte sa rivière. À nos pieds sur la natte, 3 soeurs laotiennes, elles tapent le carton et vont d'éclat de rire en éclat de rire, en jetant un coup d'oeil au petit garçon surveillé par sa grande sœur. 8 heures de gaieté, notre distraction du voyage.
À première vue, le bateau semble fait pour les touristes - on représente 80% des passagers - mais de temps en temps, le capitaine ralentit, une pirogue s'approche pour décharger ses poubelles et livrer sa marchandise, certains grimpent à bord, ils montent à la ville en descendant le fleuve. Un peu plus loin, notre pilote, à l'aise aux commandes de son embarcation, accoste son bateau en douceur le long du rivage pour accueillir des passagers descendus de leur village. Pour passer à bord, une planche étroite, sous le regard du moine qui les protège du haut de sa colline.
Plus ploin encore, c'est tout un village d'enfants qui profite de 3 minutes de halte pour grimper sur le côté du bateau, essayer de vendre leur artisanat aux touristes. Ça me rappelle l'époque de mes 12 à 15 ans, on attendait le bateau à roues à aube 'le France' ou 'le Fier' au petit port de Veyrier du Lac, on montait en cachette à l'arrière sur le gouvernail et on se laissait tirer sur quelques centaines de mètres, jusqu'à ce qu'on lâche prise dans le courant devenu trop fort.
Et plus on s'approche de Luang Prabang, plus on fait des haltes pour déposer ou faire monter quelques passagers. À 20 kms de l'arrivée, Pak Ou est le confluent avec la rivière Nam Ou qui descend du nord. Une grotte y abrite 2000 bouddhas. Les bateaux de tourisme y marquent une pause, on passe à toute allure. On comprend enfin que notre bateau est d'abord le moyen de transport des villageois, avant d'être au service du tourisme. Un vrai bateau !
Bilan de ces 2 jours : l'impression d'avoir rencontré quelque chose, d'avoir approché un nouveau monde. Le Mékong nous a dévoilé sur 300 kms sa nature sauvage, et nous a donné conscience de la dimension de la présence humaine dispersée dans les villages cachés qui le bordent. Un beau moment d'émotions bien partagées.
Arrivée à Luang Prabang 17h, un coup de took took et on est rendu. le guide touristique dit bien qu'il faut éviter cette période de la fête du Têt, c'est exactement ce qu'on ne fait pas, on est à Têt-2, et on va passer au moins 3 nuits ici.