Jeudi 17 Janvier - Kabin Buri - km 12,125

Le souvenir du passage à la frontière de la Thaïlande hier, ce sont les 2 heures d'attente à la douane pour contrôler et tamponner les passeports. Un hall qui ressemble à une salle d’aéroport, un serpentin de 10 lignes d'une vingtaine de personnes, ça fait 200 personnes réparties sur 4 postes, mais seulement 2 postes sont ouverts. Je regarde les gens, en moyenne bien plus jeunes que nous, dans des styles tous différents : une majorité d'occidentaux, tatouages 3D, pieds nus, nus pieds, collier autour du cou ou de la cheville, masque anti-pollution, casquette ou chapeau, short colonial, gros sac à dos, rêveurs, causeurs, rieurs, impatients trépignants,  et nous et nous avec nos casques et shorts de vélo : le monde est varié, la Thaïlande attire la variété. Les grands ont de la chance, ils dominent la situation alors que les petits sont étouffés sous la foule en se demandant où quand comment est la sortie. Et je me dis "Vive l'Europe et la libre circulation entre les pays, pourquoi insiste t-on encore en Angleterre avec le Brexit ?".

Evelyne et moi passons en même temps à deux postes différents, on bloque tous les deux le système car il nous manque une adresse en Thaïlande. J’aurais aimé écrire « Poste restante - My bicycle », mais je n’ai pas osé de peur de paraître inconséquent, et après longue discussion avec les chefs, c’est bien l’adresse qui correspond à notre situation. Ma douanière n’est vraiment pas contente et me rend mon passeport d’un geste violent en me faisant de gros yeux, bienvenue en Thaïlande !

Dès les premiers kilomètres, c’est clair, on est dans un autre pays, et ce qui frappe immédiatement, ce sont les marchands. Au Vietnam et au Cambodge, les marchands sont installés tout le long de la route, sur des kilomètres, ce sont de petits marchands qui vendent le minimum dans leur espace de vie et de vente précaire. La Thaïlande a fait un pas en avant : les marchands sont moins nombreux, ils sont installés tout près de la ville, ce sont de vrais commerçants avec des stocks et certainement des contrôleurs fiscaux. Ce matin, à la recherche d’une carte SIM, on m’a indiqué un centre commercial BIG C, un vrai, avec un parking et une grande surface. Ça fait deux mois qu’on avait perdu l’habitude des étalages de yaourts, de la musique, des hauts parleurs, des vendeuses, des caddies. J’ai honte de dire que ça fait du bien, ça fait surtout plaisir de retrouver des articles qu’on avait oubliés.

On a opté pour une courte étape de récupération aujourd’hui, les punaises de Sisophon avaient marqué la longue étape d’hier et nos organismes réclament une pause. Ça tombe bien, on trouve un lieu de repos au bord d’un étang à la campagne, un ‘Resort’ qui loue des vélos, on se croit en Camargue, la vie est belle. On a trouvé de l’eau pour laver les vélos, Evelyne a trouvé un coin pour coucher le soleil sur un pinceau d’encre de Chine, j’ai trouvé la suite de notre itinéraire entre la Thaïlande et le Laos...un coin de vacances, la vie est belle (bis).