Dimanche 16 Décembre - Vūng Tàu / Hô Chi Minh City - km 11,069
Pédaler pour se retrouver, on a l’habitude, on fait ça tous les ans. Mais aujourd’hui, ça revêt un parfum particulier, on a une semaine pour préparer Noël à Saigon, le sapin, la crèche, l’arrivée de nos filles et famille, leur dire « venez, car tout est prêt ». On s’est quitté le 26 mai, pour se retrouver le 24 décembre. Le temps passe vite !
La stratégie du jour : 100 kms à vélo pour Vūng Tàu, port et plage de Hô Chí Minh City, puis l’express aéroglisseur qui nous amène directement au centre ville en 1h30, sans avoir à affronter les autoroutes de banlieue. Le luxe.
Un ensemble de belles routes secondaires tranquilles, vent dans l’dos on fait l’étape à 20 km/h. Dès le départ, on est poussé par le vent, et par la chaîne des ´Hellos’ que l’on reçoit. Au café-coco de 11 heures, certains vont jusqu’à toucher Evelyne, les épaules, le nez, les cheveux... comme un porte bonheur. On se sent dans la peau de De Gaulle et Tante Yvonne lorsqu’ils ont fait la route de Québec à Montréal poussés par la foule, épisode qui amena le grand Charles à clamer sur le perron de l’hôtel de ville de Montréal son ´Vive le Québec ... libre’. Et nous, qu’est ce qu’on va dire en arrivant ?
Des scènes du jour : le riz qui sèche sur la chaussée - on se demande comment les camions les évitent - , le taureau à 3 bosses, la 9ème crevaison, une vraie de vrai.
Il me revient comme une rengaine en roulant la chanson de Jean Ferrat à propos des guerres coloniales « Ah, Monsieur xxxx, vous osez déclarer qu’un air de liberté flottait sur Saigon, avant que cette ville, s’appelle Ville Ho Chi Minh ». Oulala.
Avec une marge d’avance de 15 minutes, on saute dans le dernier bateau, on se régale avec quelques séquences de la caméra cachée Projetées sur l’écran géant. On rit tout fort comme des enfants, ça fait plus de 6 mois qu’on n’a pas regardé la télé...
- La dame qui enterre son mari dans le jardin, elle demande de l’aide aux passants pour amener la terre, il en manque sur les chaussures encore à découvert;
- Le monsieur qui cadenasse son bébé à un vélo et s’en va tranquillement boire une bière avec le flic du quartier à la terrasse de l’autre côté de la rue;
- Le boucher qui éternue violemment sur le morceau de viande qu’il sert à ses clients, c’est vraiment dégoûtant ;
- Le couple de flics qui mesurent la distance de pare choc à par choc entre une voiture en cours de stationnement et les deux voitures situées de chaque côté : deux maniaques qui contrôlent que la distance est la même.
Etc... et à 18h, on est à Hô Chi Minh City, le soleil se couche, Evelyne le mitraille. Après 2000 kms de route au Vietnam, on franchit notre ligne d’arrivée devant la galerie d’art Tarakys, heureux.