Vendredi 7 Décembre - Quy Nonh - km 10,348
Grosse journée, 100 kms cahoteux entre pluie et soleil. Deux bonnes rincées évitées de justesse, sans oublier l’averse qui éclate quand on prend la douche. Une belle étape sur de petites routes de campagne granuleuses mais tranquilles. Toujours au milieu des rizières, on est admiratifs du geste des dameurs de la terre, ces silhouettes fines de travailleurs coiffés du traditionnel chapeau de cône en bambou, étalant la boue à n’en plus finir. Et aujourd’hui, les semeuses s’en mêlent, le geste auguste du semeur.
Une étape longue car lente, on roule à 16 km/h sur revêtement inégal, le vélo absorbe les vibrations mais on a le cul en feu à l’arrivée. Aucun regret d’avoir quitté la route Ho Chi Minh pour cet itinéraire qui nous rapproche de la mer et nous conduit dans les profondeurs du Vietnam.
Quelques souvenirs du jour....
En passant près de bassins de rétention d'eau, on se demande pourquoi l’eau est brassée par des palles actionnées par un moteur. La question tombe pile au moment où on trouve un café restaurant familial sur la route. Arrêt obligatoire, et en plus, c’est l’heure. Contact très difficile avec la famille, aucun échange de regard, on est servi dans le plus grand silence et le rendu de monnaie est brutal. Frustrations du jour ? Frustration du passé ? En tout cas, on n’a pas la réponse à notre question.
On s'arrête un peu plus loin pour un café dans un village, c’est le contraire. Un endroit chaleureux, on fait l’objet de regards en coin et de rires, une jeune fille nous offre des bonbons, et pour finir, le café nous est offert par la table des petits jeunes qui suivent tous nos gestes. Moment de gêne, et puis photo et gros merci.
Les enfants de tous âges nous croisent d’un « Hello what’s your name » qui laisse supposer qu’ils parlent anglais, mais il semble qu’ils en soient tous restés à la première leçon. Alors on fait la même chose en répondant « Xin chào », éclats de rire.
Fin d’étape en montagnes russes, on avait perdu l’habitude des côtes. À 15 heures, la route longe enfin la mer, on se lance, c’est le premier bain de notre trip, eau chaude avec fortes vagues. Les 30 derniers kms se font avec du sable dans le cuissard, c’est pas drôle.
Phuong Phi, carrefour de routes, un gigantesque bouddha perché en haut de la colline attire notre regard. C’est le Ong Nui temple, un temple bouddhiste dont on refuse de monter les marches, notre conscience terre à terre nous incite plutôt à prendre la route si on veut arriver avant la nuit.
Et puis l’heure du coucher de soleil approche, on veut faire une belle photo, la route longe un lac mais les nuages s’en mêlent. On reporte nos espoirs sur le pont de 3 kms plein Ouest qui nous amène sur la ville étape, mais il est trop tard. Arrivée de nuit, au milieu des vélomoteurs et leurs phares, mais ça va, on sait faire. Même si on n’aime pas trop ça.
Et pour finir, je crève de faim, ça fait trois jours qu’on se nourrit de petites choses dans des kiosques, le corps réclame. On s’est dévoré un régime de bananes ce midi, ce soir ce sera Pizzeria. Le patron est australien de mère Italienne et père Irlandais, il a trouvé l’amour de sa vie ici au Vietnam il y a 4 ans, ils ont monté la pizzeria ´Sisters’. Une façon de rendre hommage aux 2 sœurs Bà Trung qui ont lutté contre l’envahisseur Chinois il y a 2000 ans, et ont donné leur nom à la rue Hai Bà Trung où se situe la pizzeria. Le monde est plein d’anecdotes...