Samedi 1er Décembre - Hué
Hué justifie une bonne journée de visite, on choisit la formule simple du tour organisé. C’est pas terrible au niveau du guide, mais c’est efficace au point de vue des transports qui s’enchaînent : moto, bateau, bus, marche à pied, et liberté totale de visite une fois sur le site.
La visite des tombeaux impériaux
Les rois de la dynastie Nguyên, bien servis par les courants religieux et philosophiques - bouddhisme, taoïsme et confucianisme - font à peu près ce qu’ils veulent : la règle veut qu’un enfant obéisse à ses parents, une femme à son mari, un homme à son roi. Le roi, bon ou mauvais, est respecté, alors il en profite. Et comme sa vie après la mort est un prolongement de sa vie terrestre, il met de l’argent et de l’énergie à préparer cet au delà, qui est sa vraie raison de vivre. D’abord, trouver le meilleur endroit, bien orienté, entre collines et rivière. Puis faire les plans, concevoir une belle architecture, et enfin trouver les ressources pour le réaliser. Le Sud de Hué s’y prête, avec la Rivière des Parfums qui coule au milieu des collines. Chaque roi de la dynastie Nguyên a ainsi préparé son mausolée. Plus qu’une simple tombe, c’est un véritable lieu de vie qu’ils se construisent. Certains en ont profité de leur vivant, d’autres ont eu juste le temps d’en faire la conception, laissant leurs héritiers s’occuper de la réalisation. Les mausolées ont des architectures différentes, mais toutes possèdent plus ou moins les mêmes composantes : L’esplanade, avec les statues des mandarins et les animaux de compagnie (cheval et éléphant); L’énorme stèle, transportée sur les lieux par les éléphants, où est gravée en caractères chinois l’œuvre du roi durant son règne; L’obélisque dont la hauteur représente la puissance du roi; Le temple, car le roi, la reine et les concubines ont leur moment de prière; Le tombeau, qui n’est pas toujours un tombeau puisque les rois sont enterrés en secret dans un coin caché ailleurs, de peur de se faire piller les richesses qui les accompagnent dans l’au delà.
La visite des mausolées est à la fois un agréable parcours architectural, et un prétexte pour cerner la personnalité de chacun.
Gia Long (règne 1802 - 1820) : le premier de la série, celui qui déplace la capitale à Hué et entreprend les grands travaux de la citadelle. Proche de la France qui intervient avec des conseillers (la colonisation, ce sera 1 siècle plus tard), il s’inspire de Vauban pour protéger sa citadelle. On lui reproche la mise en place d’idées rétrogrades, calquées sur le voisin Chinois, telles que perte de la personnalité juridique pour les femmes qui n’ont plus accès à l’éducation, et la mise en place du service militaire de 6 mois par an pour les hommes, ce qui déstabilise pas mal l’économie. On reporte la visite àp demain peut-être.
Minh Mang (règne 1820 - 1840) : numéro 2 de la dynastie, il meurt avant le début des travaux de son mausolée, classé numéro 1. Avec 142 enfants, c’est le roi des rois.
Tu Dùc (règne 1848 - 1883) : Partagé entre querelles familiales - il a dû tuer son frère et sa famille pour accéder au trône - et ses démêlées avec la France qui installe non sans violence son protectorat, son règne n’est pas le plus facile. Des sommes faramineuses pour la construction de son mausolée, des conflits violemment réprimés avec soldats, officiers, ouvriers. Un tyran, qui inspira un poète local en ces mots : « ses murs sont construits d’os de soldats, ses fossés sont remplis du sang du peuple ».
Khai Dinh (règne 1916 - 1925) : un grand mégalo qui augmente les impôts de 30% pour financer la réalisation de son mausolée. Ah, si les gilets jaunes voyaient ça ! Le point fort du mausolée : les décors de mosaïques, et la statue de bronze grandeur nature qui le représente, offerte par la France....on croit rêver. Les photos de l’époque révèlent un personnage aux tenues extravagantes, un pantin dans les mains de la puissance coloniale qui l’entoure.
Bao Dai (règne 1925 - 1945) : C’est lui qui remet les clés du royaume au Viêt-minh lors de la proclamation d’indépendance en 1945. Il passe plus de temps à jouer au Casino en France qu’à travailler dans son pays. Il meurt en exil à Paris dans un tout petit 2 pièces cuisine, il n’a pas de mausolée, c’est fini.
La visite de la Citadelle
Lieu de vie des familles royales et des concubines, c’est une ballade agréable 2 heures avant le coucher du soleil.
La grande offensive du têt de 1968 a presque tout cassé. Je retiens du guide la raison de la date de cette offensive : 1968 était l’année de l’élection présidentielle aux États Unis, on entrait en pleine campagne électorale. Ho Chi Minh savait qu’en lançant l’offensive à ce moment là, la population américaine renforcerait son hostilité à l’envoi de troupes au Vietnam, une façon de mettre la pression sur le futur président.
A noter : rencontre d’un guide francophone, très agréable, je prends ses coordonnées, on sait jamais :
Mr Thu +84 9 83 31 22 52 lethu24781@gmail.com
Anecdote du jour : il est prévu qu’un bus nous amène de l’hôtel à l’embarcadère. Mais l'activité touristique est en baisse, seulement 5 personnes (au lieu de 35 les autres années) sont inscrites. On vient nous chercher en moto taxi, en nous rassurant « ça ne va prendre qu’1 minute ». Une expérience nouvelle...