Vendredi 19 Octobre - Pohang : km 8,113
La route de la côte du Pacifique est vraiment trop belle, on s’en fait une étape der des ders pour de vrai aujourd’hui. En montant jusqu’au cap Homigot, le plus à l’Est de la Corée du Sud. Avec un vent pas possible, une mer démontée, mais à la chance de le faire dans le bon sens, vent de face à l’aller, dans l’dos en fin de journée. Une ballade qui ne peut se faire qu’à vélo. A pied, ce serait trop long. En voiture, difficile de passer comme on peut le faire au milieu des baraques de pêcheurs, grimper les raidillons étroits à 15%, ou circuler sur les quais où règne une atmosphère qu’il faut avoir le temps de capter et capturer.
On traverse plusieurs ports industriels, on est impressionné par l’activité débordante : on ne compte pas les bateaux de pêche - plus d’une centaine - tous les mêmes, équipés de phares puissants pour les sorties nocturnes. Et en ´back office’, c’est les temps modernes de l’industrialisation, depuis la mise sous pli du poisson jusqu’à l’expédition. C’est l’époque du grand séchage : le poisson sur les étalages, le riz sur son tapis, les seiches séchent (pléonasme ?) sur les fils d’étendage.
A l’approche du cap, là où la piste cyclable est remplacée par une structure en bois superbe - malgré les marches d’escaliers qui nous posent quand même quelques problèmes - on a la surprise de croiser Loma, une jeune française de Bordeaux, partie pour faire le tour de la Corée, Japon et Taiwan avant d’aller s’installer au Canada. C’est la première voyageuse qu’on rencontre depuis bientôt 2 mois. Elle nous explique ses 3 défis avec un sourire qui laisse apparaître de jolis piercings : voyager seule, avec des tatouages, et un vélo à pignons fixes (c’est à dire pas de changement de vitesse, les mêmes développements pour la montée et pour la descente). « C’est moins lourd, et ça réduit les risques d’ennui mécanique» nous dit elle sans nous convaincre. Courage Loma ´qui campe tous les soirs, parfois dans les toilettes quand le vent est trop fort’, c’est dommage que nos routes n’aillent pas dans la même direction, on aurait pu passer une soirée à échanger plus longuement nos impressions sur nos projets qui sont complètement différents, et pas du même âge.
Parmi les surprises du jour, la main qui nous attend au cap, elle est merveilleuse, et on se dit qu’on l’a bien méritée.
Arrivée à Pohang qui semble très industrielle, gros complexe chimique (et quelques odeurs) à l’entrée de la ville. C’est l’heure de la sortie des usines, on se retrouve tout d’un coup nombreux sur nos bicyclettes, à méditer la belle devise inscrite en anglais au dessus de la porte de l’usine : « Les ressources sont limitées, la créativité ne l’est pas ».