Mardi 11 Septembre - Shizuoka : km 6,425
Une étape facile, en descente du plateau des 5 lacs plein sud vers la mer. Un temps incertain, qui le restera jusqu’au bout, de bonnes conditions pour rouler, mais on ne voit pas le Fuji caché derrière d’épais nuages, on devine. Une journée marquée par plein de petites choses qui, mises bout à bout, nous donnent l’impression d’avoir vécu une grosse journée.
Ça commence par le petit jeu de ´One Two Three Fuji’ : une séance photo avec une bande de touristes venus de Taïwan et de Malaisie, ils ont passé tout leur petit déjeuner à se prendre en selfie. Quand ils nous voient partir avec notre chargement, ils nous appellent pour une photo de groupe, et ils mettent à la poubelle toutes leurs photos du matin. C’est nous les vedettes, on va faire la Une des Facebook de Taïwan.
1000 mètres de descente sans un coup de pédale, c’est la récompense de la montée de dimanche. Si c’était à refaire, je conseillerais de monter vers les 5 lacs par la route qu’on vient de descendre, c’est plus cool, même si c’est un peu plus long. On se pose un moment à Fujinomiya pour un pique-nique grand confort, table et bancs offerts.
Un peu plus loin, passage par hasard devant le centre d’interprétation du Fuji, on fait la visite. Une montée à pied dans une spirale 1440 degrés simule pour les nuls l’ascension du volcan, avec projections photos, ombres chinoises de vrais grimpeurs mélangées aux nôtres, on n’a pas l’impression d’y être pour de vrai, mais c’est sympa. Pas facile de se décoller des photos et histoires de croyances et de pèlerinages autour de cette montagne mythique, on y passe 2 heures sans s’en rendre compte.
Plus loin sur la route, c’est la rencontre avec les écoliers qui rentrent de l’école. On croit avoir compris que les garçons portent des casquettes jaunes et les filles ont des parapluies. Et pourtant on rencontre un garçon casquette jaune et parapluie.
Au stade d'athlétisme, on se demande si ce sont les JO 2020 qui se préparent. On assiste à une formidable débauche d'énergie collective, les groupes s’entraînent enchainés, pas le droit de traîner, et pour le prof de gym, c’est super, il n’a que des élèves motivés ! Le rêve de tout prof en France...
La rencontre suivante, c’est celle du Shinkansen, le train rapide qui concurrence notre TGV. Jamais 1 minute d’avance ni de retard, on sait qu´on sera jamais autorisé à faire monter nos vélos dans ce bolide, le risque de le retarder est trop grand. On l’aperçoit qui traverse le pont de la rivière Fuji, ça me donne l’idée de préparer mon appareil photo pour une séquence vidéo, comme le ferait un Japonais pour filmer notre TGV. Evelyne me dissuade 'il vient de passer', et au moment où je range mon appareil, un autre Shinkansen passe en sens inverse. Je ressors mon appareil, j'attends 5 minutes, rien ne se passe, je le range et rate le 3ème passage d'un nouveau Shinkansen. Je suis alors décidé à attendre le temps qu'il faudra, je me poste comme un chasseur dans sa guérite. Evelyne me prend l'appareil pour immortaliser ce moment qui la fait rire, un 4ème Shinkansen surgit, c’est encore raté. Evelyne éclate de rire. Grrrr
Les derniers kms entre Fuji et Shizuoka, à deux pas des autoroutes et voies ferrées qui longent la mer, notre GPS nous emmène sur de toutes petites routes, on traverse des villages qui évoquent nos villages de haute montagne. Ça semble parfois à l’abandon, on a beau être tout près devant la mer, ça ne sent pas la Riviera, c’est pauvre et joli, on ne regrette pas notre route.
Et pour finir... après un accueil pas très chaleureux dans un hôtel ´vous avez bien dit ´sans réservation’ ????´, le sourire nous vient du robot posté devant l’ascenseur et bredouillant des phrases incompréhensibles, tout en ne quittant pas Evelyne du regard...pour le meilleur ou pour le pire ? Ouf, l’ascenseur ne tombe pas.
Et cerise sur le gâteau : pour le repas du soir, commande obligatoire à travers une application IPad. Avantage : on voit les plats en couleur. Difficulté : tout est en Japonais, même le OK / CANCEL, on ne sait pas trop ce qu’on a commandé. On en sort avec un petit creux dans le ventre.