Samedi 18 Août - Hope : km 5,834
La question du jour : Qui a volé notre moulin à poivre ?
On a trouvé ce matin des traces évidentes des griffes de l'ours, partout sur la chaussée. Accusation facile, mais on n'a pas d'autre piste. On avait pourtant réservé pour l'ours une bombe à poivre en cas d'attaque nocturne, nous voilà tous équipés pour lutter à armes égales.
Et ça sent fort la présence de l'ours sur les 20 premiers kms qui mènent au col Allison, la dernière difficulté des Rocheuses. J'ai beau écarquiller les yeux de tous mes sens, guetter les buissons qui frissonnent, il faut que je m'y fasse. En dépit de tous les avertissements des randonneurs rencontrés en Ontario et dans les Prairies, je serai sans doute le seul à ne pas avoir vu l'ours dans les Rocheuses.
Après le col, près de 60 kms de descente jusqu'à Hope, altitude 50 mètres. 1500 mètres de dénivelé négatif, on pense à ceux qui font la route en sens inverse....
Descente roulante, mais toujours le même problème : soit on roule dans le couloir qui nous est réservé sur la droite de la route, parfois trop étroit ou défoncé, soit on roule au milieu de la route, sur un superbe revêtement, mais les automobilistes n'aiment pas et ne nous font pas de cadeaux. Et comme il est difficile de passer de l'une à l'autre en raison du crénelage style griffe d'ours qui les séparent, il faut faire un choix. On préfère en général le milieu de la route, en tournant sans cesse la tête vers l'arrière (peur de l'auto) et sur les côtés (peur de l'ours). Bonne nouvelle : les freins sont presque inutiles, la résistance de l'air limite automatiquement la vitesse à 50 km/h dans la pente à 7%. Au delà, il vaut mieux commencer à user les patins.
Arrivée à Hope pour un café MacDo, je ne reconnais pas Christian dans ce choix, peut être la fatigue de la descente ? Le passage presque instantané de la solitude du Parc à l'encombrement de la ville me fait réaliser comme on était bien là haut, dans notre camping au bord de l'eau, même si l'absence d'Internet avait empêché la livraison du blog.
Il reste 3 étapes pour Vancouver, Evelyne va changer d'équipe, quitter la super team des suiveurs pour rejoindre celle des coureurs, et se préparer pour notre second voyage qui commence à la fin du mois. On leur doit un grand merci au trio Donald-Raymonde-Evelyne, ils ont fait un sans faute en assurant transport des bagages, courses, sandwichs, organisation des apéros, repas, plantage des tentes, photos de départ, sourires et poignée de mains, sans un retard, sans une erreur, avec un dévouement Québécois. Une envie de leur dire : Vive le trio libre !
Et une dernière interrogation d’Evelyne :
L'obscurité du passé ou le labyrinthe de l’avenir... that is the question.