Jeudi 26 Juillet - Calgary : km 4,374
Journée en forme de bain de foule. On reprend les vélos pour partir de l’autre côté de la rivière, sentir l'atmosphère du village de Kensington, le ´Carouge´ de Calgary. Dès la traversée du pont, on pénètre dans un monde chaleureux fait de boutiques et de bars, on flâne. On choisit pour notre café de 11 heures le bar Italien, un vrai. Le patron Joe a quitté Reggio de Calabre à 16 ans, et après quelques années passées à Toronto, il a choisi de s’établir à l’Ouest, monter son affaire. L’Italie lui fournit directement tous ses ingrédients, il a une clientèle fidèle, il a la soixantaine et dégage une belle joie de vivre.
A l’intérieur de sa boutique, les murs sont couverts de fresques peintes par un gamin du quartier, à partir des photos du pays. Son père et sa mère y figurent bien sûr, entre les animaux de la ferme familiale et quelques bottes de foin. Il travaille ainsi chaque jour en plein milieu de son pays natal. « Ciao, have a safe trip » sera son dernier mot, il maitrise complètement l’italien et l’anglais. Une immigrations réussie.
Suite de notre bain de foule le long de la rivière, côté ´Downtown´, au pied des tours, à l’heure du repas. On se fait tout petit avec nos vélos au milieu de tous les joggers qui partagent un espace piétons - joggers - cyclistes, on sent une bonne qualité de vie, des gens qui prennent leur temps. Pas de bouchon dans la ville, ils seront chez eux ce soir avant 19 heures, ils ont droit à leur pause de midi. Pour nous, ça se termine autour d’une soupe Thaï, face à un écran qui passe en différé l’étape du tour sans son... je n’ai pas la patience d’attendre la fin, je regarde le résultat sur mon téléphone, 3ème victoire française, on est trop fort!
Fin de notre visite à Calgary, demain on repart pour une boucle de 6 jours avant de retrouver nos amis Québécois et attaquer les Rocheuses.
Il est temps de conclure la traversée des Prairies en compagnie des grands espaces et de l'histoire qui les accompagne, avec des pensées empruntées au poète Hölderlin, qui suit Evelyne pas à pas, dans ses sacoches, à la pause, sous l'oreiller, au réveil matin.
La raison pure n'a jamais rien produit de raisonnable. Sans la beauté de l'esprit, l'intellect est pareil au serf qui taille dans un bois grossier, comme on lui a prescrit, les lieux d'un enclos et qui les cloue ensemble, pour le jardin de son maître.
Toute l'activité de l'intellect est de l'ordre du nécessaire.
En assurant l'ordre, il nous prémunit contre le non-sens et l'injuste ; mais être à l'abri du non-sens et de l'injuste n'est pas le suprême degré pour l'homme de l'excellence.
Qui n'aime pas le ciel et la terre et qui n'est aimé d'eux , qui ignore l'accord avec l'élément dans lequel il vit, ne peut être par nature en accord avec soi.