Mercredi 18 Juillet - Tilley : km 4,083
Aujourd’hui, les Prairies veulent nous faire la peau ! Sans doute parce qu’on est sur le point de les quitter, elles nous offrent en cadeau un bon vent mal orienté qui ne nous lâche pas sur les 100 kms de l’étape. Dur dur... au point de se reposer au milieu d’un amas de mégots sans s’en rendre compte.
Pour le café de 11 heures, c’est foutu, le seul « village » sur la route a un bar qui nous n’ouvre pas avant 17 heures. Et ça tombe mal, car c’est une étape monotone, on traverse un paysage plat, infini, des barbelés pour protéger l’autoroute des grosses bêtes (ou le contraire), une végétation rase brûlée, peu de culture, des grands pylônes pour transporter l’électricité (mais on ne sait pas dans quel sens, de Calgary vers USA ou le contraire).
La récompense est à l’arrivée, un hôtel unique trouvé par Evelyne qui a aperçu un panneau sur l’autoroute, introuvable sur Google, avec bar billard machines à sous bière saloon et chambres à l’étage. Les habitués sont là, ils nous regardent entrer dans le bar, comme si on était des cow boys, pas facile de leur expliquer notre trip en balançant nos phrases d’une table à l’autre, ils ne font aucun effort pour articuler, on a du mal à les comprendre. Et c’est sans doute réciproque, mais ce n’est pas grave, nos sourires complices signifient « ami ».
On se sent bien, Evelyne a l’imression d’être à Mackwiller, dans le restaurant familial qui a bercé son enfance. A la vue des machines à sou, elle avoue « je préfère pédaler... ». Une bière plus tard, elle se lâche : « Adieu la Saskatchewan, ses belles Prairies, ses Cow Boys charmants. Adieu à Medicine Hat, au Grand Esprit, aux légendes et à l’histoire de tous les Indiens d’Amérique du Nord. Merci à ma coach Julie et surtout à mon courageux guide et mari pour nous avoir fait franchir à l’aise ces 4000 premiers kms. Mais l’histoire ne va pas s’arrêter là. »