Lundi 9 Juillet - Caronport : km 3,544
Oulala quel vent ! Mais aujourd’hui, il est des nôtres, on est tout d’un coup plein de compassion pour ceux qui remontent le courant..., mais on n’en voit pas.
Traversée de ces grands espaces où le ciel remplit l’horizon, et toujours les mêmes bonnes sensations, ce mélange de vide et de couleurs nous plaît, on roule les yeux ouverts.
Le but de la journée : passer assez de temps à la petite ville de Moose Jaw pour une bonne halte touristique, et profiter en même temps du vent de l’Est pour aller le plus loin possible.
Moose Jaw, ça signifie ´mâchoire d’orignal’, le nom tire ses origines de l’appellation 1st nations qui ciblaient l’endroit où la rivière prend la forme de la mâchoire de l’orignal.
Mais Moose Jaw, c’est avant tout une halte pour entendre deux histoires pas banales, liées à l’immigration Chinoise et plus tard à la prohibition, histoires révélées par les fouilles menées dans les rues de Moose Jaw.
Pendant plus de 75 ans, les autorités de la ville ont démenti les rumeurs d'un réseau de tunnels situé sous cette ville endormie, une des villes frontalières les plus sauvages de l’Ouest canadien. Des chercheurs locaux ont interrogé de nombreux citoyens âgés de la ville afin de découvrir la vérité cachée. Ce travail sur les tunnels a commencé vers 1908 après que plusieurs cheminots chinois aient été sauvagement battus par les Blancs qui croyaient que les Chinois prenaient leur travail. À cette époque, l'hystérie entourait le «péril jaune» de l'Ouest canadien et Ottawa imposait une taxe d'entrée dissuasive aux immigrants chinois potentiels, alors que les États Unis les refusaient catégoriquement.
Terrifiés et incapables de payer la taxe d'entrée, les travailleurs chinois sont entrés dans la clandestinité, creusant des tunnels secrets où ils pouvaient se cacher avec femmes et enfants jusqu'à ce que la situation s'améliore. L'accès aux tunnels se faisait à partir des sous-sols des bâtiments appartenant à des immigrants légaux chinois. Les résidents du sous-sol feraient du travail pour les laveries et les restaurants en surface et obtiendraient logement-tunnel et nourriture en échange. Et comme les tunnels ont été construits à côté de sous-sols chauffés, ils étaient habitables en hiver.
Les tunnels ont trouvé une autre utilisation dans les années 1920, lorsque les États-Unis et une grande partie du Canada se sont lancés dans la prohibition. Terminus de la voie ferrée reliée aux États-Unis, Moose Jaw était idéalement située pour devenir un centre de contrebande. Les tunnels étaient utilisés pour le jeu, la prostitution et l'entreposage d'alcool illégal. Al Capone lui-même les aurait fréquentés.
Les autorités locales ont longtemps nié l'existence des tunnels, mais les dénégations sont devenues difficiles à maintenir lorsqu'une partie de la rue principale s'est effondrée, laissant un automobiliste planté dans un trou profond.
La visite évoque le système de ´coolie broker’ par lequel un ´broker’ avançait les fonds du voyage des migrants, moyennant remboursement des sommes dues par prélèvement sur salaires déjà bien plus bas que la normale. Le Chinois était pris au piège, tout autant que le chômeur Blanc, dans un système économique qui ne favorisait pas vraiment l’équilibre d’une société.
Mais est ce que tout cela a vraiment changé 1 siècle plus tard ?
Il nous reste le vent pour y réfléchir, et on en a bien besoin car la tornade pointe à l’horizon, et ça, ce n’est pas du bidon.
Moyenne de l’étape du jour : 26 km/h pour 100 kms
Moyenne de l’étape d´avant hier : 13 km/h pour 50 kms
Les mathématiciens vont conclure en disant que les 2 étapes ont pris le même temps.
Pas le même effort non plus.