Mardi 3 Juillet - Russell : km 3,145
Une étape à laquelle on ne s'attendait pas. Variée, légèrement bosselée, on est loin de la monotonie qu'on nous a décrite pour la Prairie. Minnedosa est situé au fond d'une vallée, entourée de petites collines aménagées en hiver pour le ski de descente. Les hivers sont rudes, le vent fait tomber la température ressentie dans des zones que l'on ne connaît pas, aux alentours de -40, -50. Seule distraction : le ski.
On a donc la surprise de rouler sur une route agréable, et pourtant, on ne croise aucun cycliste, les voyageurs traverseurs sont sans doute restés sur la Transcanadienne 1. On aimerait leur dire qu'ils se sont trompés, les détourner de cet autoroute large et bruyant, leur signaler qu’ici, les Prairies ne sont pas les Prairies.
En plus... la circulation est faible, on a un bon vent dans l'dos, en tout cas pour les 110 premiers kms, ça aide à apprécier le paysage. Même si tout se gâte dans les 30 derniers kms, quand la route bifurque de l’ouest vers le nord, notre moyenne du jour tombe de 24 à 22 km/h. Pas mal quand même sur 140 kms !
Une journée qui nous a fait penser à l’Alsace. Si tu fais la route des vins en Alsace, tu aperçois tous les 2 à 3 kms un à deux clochers, (protestant / catholique), qui signalent l’arrivée d´un village. En plus d’être joli, c’est distrayant.
Ici, tous les 15 kms, on devine au bout d’une longue ligne droite quelque chose qui s’élève au loin et Evelyne crie ´un clocher!´, et au dernier moment, on réalise qu’il s’agit d’une ferme. Clocher, église, ferme... Nous aussi on a, dans le pays de Gex, des fermes qui ressemblent à des églises.
Les fermes sont notre principale attraction, elles sont importantes, avec leurs énormes silos pour stocker le grain, des circuits de voies ferrées secondaires qui permettent le chargement direct des wagons de céréales. Ceux ci viennent alors se coller aux longs convois ferroviaires de 2 à 3 kms de long pour aboutir dans un port, et le grain est livré dans toute la planète - Hambourg, Shanghai, Hong Kong, Le Havre, ... A condition que les pays se mettent bien d’accord sur les règles douanières.
Les fermes sont de véritables institutions familiales, on est fermier de père en fils, impossible d’en échapper.
Et les bisons ? On en a aperçu, comme on aperçoit des taureaux en Camargue, mais de très loin. Et ils n’étaient pas vraiment en liberté, je crois qu’il y avait des barbelés sur la prairie. Evelyne a eu le temps de le croquer, avant de se faire charger.
Pour demain, le vent change de sens et de violence, je parie sur une étape repos. Piscine ou lave linge, selon l’envie.